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Chronique d'un coureur
27 février 2011

Le coeur gros. S6/12 27 février

Coeur

Brutal coup de frein dans ma prépa marathon. Une échographie chez le cardiologue a révélé une "hypertrophie du ventricule gauche". Les parois de mon ventricule ont une épaisseur de 12 et 13mm, là où la norme se situe entre 9 et 11mm. La cavité ventriculaire est de taille normale. L'hypertrophie est concentrique. Le diagnostic d'une maladie du coeur n'est pas établi.
Le risque en cas de maladie est la mort subite.
D'après le cardiologue l'hypertrophie n'est pas due à l'entraînement car celui-ci doit être d'une durée de 6 mois et excéder 8 heures d'effort intense par semaine pour provoquer cette hypertrophie, qui s'accompagne aussi d'une augmentation du volume de la cavité. Un examen des coronaires est demandé par le docteur, qui déconseille le marathon, mais autorise le semi, sans effort ntense.
Je m'étonne de ce diagnostic car ma fréquence cardiaque au repos est passée en un an de 60 à 47. Je n'ai pas non plus envie de passer sur le billard pour rien. Je vais demander l'avis d'un autre cardiologue.  En attendant, j'ai levé le pied, mais n'ai pas renoncé au marathon.
Mais, même si je ne suis pas malade, je ne vais pas m'abimer la santé pour un marathon.

J'en a profité cette semaine pour me "reposer", c'est-à-dire que j'ai fait deux sorties tranquilles de moins d'une heure, et ai quand même fait une troisième de fractionné, mais pas à 100% : je me suis accordé 5 secondes de plus sur le 500m, ce qui ne paraît rien, mais change bien l'intensité de l'effort. J'ai aussi relevé ma FC après chaque 500m, et je suis resté sous les 150.
Parcours de ce dimanche : http://www.openrunner.com/index.php?id=852901
Le canal, direction Toulouse. Que du classique. 24.5km en 2H08, soit 11,5km/h de moyenne
Pas de brouillard, pas de ventre vide, pas de côte traitresse, pas d'égarement, pas de grosse fatigue.
Du monde sur le parcours, les sportifs du dimanche, et les autres.
D'abord je rattrape doucement un coureur, commence à le doubler, en gardant mon allure, mais le monsieur accélère. Il reste 1m devant, car je garde mon allure. Après 500m de ce jeu, j'accélère (12,5 13 à l'heure), mais plus lui, je ralentis, on engage la conversation : plus de 60 ans, il me dit qu'il ne lui reste pas grand chose pour relever ces petits défis car il a tout donné dans le passé : marathons, 100km, course de 24 heures. Nos routes se séparent sans qu'il puisse m'en dire plus.
Ensuite je me fais doubler par un gars mal attifé. En fait il ne va guère plus vite que moi : après 5 minutes il est toujours au plus 50m devant. Je mets un petit coup de gaz et je le double, je le sens qui s'accroche alors j'accélère encore, il est toujours là, j'entends sa course à 5m derrière, on commence à dépasser des tas de coureurs qui m'ont l'air d'être arrêtés, j'accélère encore (je dois être à 13,5), et il s'accroche toujours ! Ce petit jeu dure depuis 4km, mais je suis quasi arrivé au point de demi-tour, dans Toulouse, après 1H05 de course. Je le lui dis. Il me dit "merci pour la course", et je fais demi-tour. Quelques pas le temps de trifouiller dans ma poche pour en extraire trois abricots secs, pendant ce temps-là un autre coureur me passe.
Je commence à faire le tri facilement, entre les durs et les occasionnels. Celui-là il pointe dans la première catégorie. Il s'éloigne doucement, et là je sens que ça ne serait pas raisonnable de lutter, alors je le laisse partir, jusqu'à 300m, voire plus car je ne l'aperçois quasiment plus, et puis je reviens sur lui. Ai-je accéléré ? Je ne crois pas. Ca y est j'y suis. Je viens à sa portée. Il me dit qu'il faisait un peu de factionné dans sa sortie longue, et qu'ensuite il a ralenti. Il a ses fioles de potion magique, le bandeau sur les oreilles, et sort sa casquette quand une drache nous cueille sans prévenir. Une petite prépa en 8 semaines pour le marathon de Vienne où il vise 3H10. Il me parle, pour un premier marathon, du bonheur de passer la ligne, quel que soit le temps réalisé, et de la difficulté des 10 derniers km, épreuve que le corps appréhende avec difficulté pour ne l'avoir jamais vécue. Voilà qui me fait réfléchir.
Les km passent facilement, je ne suis pas du tout essouflé, car on parle presque comme si on était assis dans des bons fauteuils à siroter quelque chose de bon (dont je me prive depuis le début de ma prépa, sauf une bouteille de vin que je me suis ouverte hier soir, par dépit, et car on a le droiit de vivre, non ?), mais on est à 5' au km. Nos routes se séparent à Castanet où je remonte vers mes côteaux.
.
Je me suis jamais senti aussi bien physiquement, et pourtant cette menace plane sur moi.  Le cardiologue que je veux aller voir, et que m'avait conseillé mon médecin traitant, est spécialisé dans le sport : c'est exactement ce qu'il me faut. En attendant, je continue calmement la prépa, ce qui anéantit mon objectif de faire une perf' au semi de Blagnac de dimanche prochain. Je ne vois même pas l'intérêt d'y aller.

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Commentaires
A
Quel talent de chroniqueur !! ;) Bon continuation tonton fanfan!
S
Sympathique blog que je prends plaisir à suivre.<br /> J'espère que le deuxième diagnostic te permettra de poursuivre tes objectifs sportifs!!!<br /> Tous mes encouragements pour la préparation de ton 1er marathon.<br /> A bientôt.<br /> Seb (un coureur du dimanche!)
B
Salut François,<br /> <br /> Je n'avais pas noté dans tes posts précédents que tu prenais autant le temps de regarder les autres et de leur parler. :-)<br /> <br /> Le plaisir avant le chrono, la souffrance, et la douleur !<br /> <br /> Bruno.
Chronique d'un coureur
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